Chambre 155 : Trayvor

*Trayvor monta quatre à quatre les escaliers, toujours son énorme sac gris sur la tête*
< Continue, continue, et tu vas finir par bousiller notre portable… Déjà que..>
< Non, là, franchement si tu te rebelles, ca ne va vraiment pas le faire. >
*En arrivant au 1er étage, Trayvor se mit donc à chercher la chambre portant le numéro 155. En arrivant aux alentours de celles portant les numéros situés dans l’intervalle 120-130, le jeune homme s’arrêta pendant un court moment, étrange silhouette au milieu du couloir.*
< Il y a comme une odeur désagréable… Une odeur de parfum que je déteste. Du bois de violette ? Ignoble... >
*Reprenant une marche tranquille, il finit par arriver, tout en sifflotant, devant ce qui allait être sa chambre.*
*Cependant, alors qu’il tournait la clef dans la serrure, sa main gauche, qui tenait alors son sac, relâcha subitement celui-ci*
< C’est le moment, je crois… >
< Non-non-non, et puis quoi encore ??? >
< Si-si… >
*Trayvor laissa la clef dans la serrure, se prenant la tête entre les mains*
« Tu auras besoin de moi, de toutes façons… A UN MOMENT OU A UN AUTRE !! »
*Puis ses deux mains retombèrent. Trayvor resta ainsi, bras ballants, quelques secondes à reprendre ses esprits ((^^)).*
« Bon, allez, même si j’ai peur qu’il revienne, je ne dois pas le laisser faire. »
*Trayvor tenta de soulever son sac avec sa seule main gauche… Et dû immédiatement utiliser sa main droite pour à peine le soulever de quelques centimêtres.*
< Mais comment il fait pour porter ce truc à une main ? Heu… Non ! Comment j’ai fait ? >
*Reposant son fardeau, il ouvrit la porte, mit la clef dans sa poche, tira le sac à l’intérieur, et referma doucement la porte*
< Aaah, j’suis crevé… >
*Van Allighem observa la pièce : sur la gauche, deux lits côte-à-côte, une porte, ainsi qu’une télévision, tandis que, sur la droite, était un troisième lit, et deux bureaux. En face, le jeune homme pouvait apercevoir, au travers d’une immense fenêtre-balcon, une partie de l’immense parc.*
< Ah, bordel, je déteste ces chambres à plusieurs !… >
< Ca va, on… Heu… Je vais faire avec… Et… Zut ! Ne me dites pas que les toilettes et la salle de bain sont dans la même pièce… >
*Se dirigeant vers la porte non loin des deux lits, Trayvor la poussa, car légèrement entrouverte, et soupira de dépit*
< Oh, non... Les matins vont être géniaux … >
*Ouvrant son sac, il attira son pc portable, rayé*
< Et voilà ! Voilà ce que c’est que de le transporter en-dehors d’une housse !! Sérieux, s’il-te-plaît, laisse-moi au moins préparer les affaires, la prochaine fois… Pfff… 1200 €, et voilà… >
< Quoi ? Quoi ? !! Tu t’énerves jamais, sauf pour un misérable ordinateur… La prochaine fois que je reprends le dessus, je te le fais bouffer, ton truc ! … >
< Heu… A toi aussi, alors… >
< … >
*Son portable posé sur l’un des bureaux, et mis à recharger sur secteur, Trayvor sortit plusieurs livres -où Cervantès et King côtoyaient des livres de programmation orientée objet et autres-, quelques magazines, une pile de feuille blanche, des stylos, mais aussi divers vêtements*
« Mais, au fait, où vais-je bien pouvoir ranger tout ça, moi. Les feuilles, etc… Dans l’un des deux bureaux, ok… Mais les vêtements ? »
< Tu parles tout seul, maintenant ? Serais-tu devenu fou ? >
*Mais Tray ne fit pas attention à son ‘double’ intérieur et rangea posément ses affaires. Pour ces vêtements, il finit par se rendre compte de la présence d’une armoire à portes coulissantes, de la même couleur que les murs, et incrustée dans celui de droite, à gauche des bureaux et du lit*
« Heu... Il est temps que je dorme, je crois… Pour ne pas avoir vu un truc comme ça… »
*N’en pouvant plus, et après avoir jeté ses vêtements dans l’armoire, Trayvor se laissa tomber immédiatement sur le lit isolé, laissant traîner son sac vide près de celui-ci.*
*Une dizaine de minutes passèrent, et, soudain, les yeux gonflés de sommeil et les cheveux légèrement ébouriffés, Trayvor se releva d’un coup, assis dans son lit, la main droite sur le front*
« Aaah, y’a pas de prises réseau… Comment je vais faire pour internet ??? »
< Ouais… Bon, là, je crois que y’a vraiment plus rien à faire pour toi… En pleine nuit… T’es vraiment pas net. >
*Se levant rapidement de son lit, Trayvor se mordit légèrement les lèvres*
« Pfff… Juste à utiliser le wifi et BackTrack, s’ils ont une petite connexion wifi, bien sûr… »
*Se tapant le front, le jeune homme s’exclama*
« Stupide ! Stupide ! »
*Puis, après avoir réussit à se connecter, en espérant que l’accès par lequel il passait n’appartenait pas au directeur, il referma son portable, soulagé*
« Maintenant, on peut dormir tranquille… »
< Effectivement, t’es bien pire que moi, dans ton genre… »
*Et Trayvor s’endormit, affalé sur son lit, la bouche grande ouverte, de la bave dégoulinant sur l’oreiller… Et ronflant légèrement. Triste et navrant spectacle.*

*Trayvor ouvrit les yeux assez facilement, ayant particulièrement bien dormi. Aussi se leva-t-il prestement. Après avoir manquer de tomber en s’étant pris les pieds dans son sac, Van Allighem se doucha, puis s’habilla et, enfin, resta quelques instants devant l’immense fenêtre, à observer le parc.*
< Magnifique. Cela peut sembler superficiel, mais j’adore ce genre d’espace. Les arbres, les.. >
< Et puis quoi encore, imbécile ? Tu veux du violon pour t’accompagner ?...>
*Etrangement, Trayvor se sentit comme rassuré en entendant cette voix : il savait que « quelqu’un » était avec lui… Alors qu’il hésitait tant, habituellement, à aller vers les autres.*
*Puis, son estomac commençant quelque peu à gargouiller, il tourna les talons, prit l’unique clef de sa chambre, en sortit et ferma la porte derrière lui, direction le self.*
< Pfiou, je n’ai jamais eu aussi faim… >
< Cours, cours ! J’crève la dalle ! … >

« Bvrrrr ! Bvrrrrr ! Bvrrrr !... »
*Tray ouvrit un œil.*
« Bvrrrr ! Bvrrrrr ! Bvrrrr !... »
*Se levant, Trayvor tourna la tête vers l’endroit d’où semblait provenir l’étrange bruit : l’armoire.*
« Mais qu’est-ce que c’est que c’truc, bordel ? »
*Se dirigeant donc rapidement vers l’armoire, de mauvaise humeur, Tray l’ouvrit et commença à éjecter tous ses vêtements*
« Mon portable… J’avais complètement oublié… »
*Cherchant parmi ses vêtements, désormais étalés sur le sol, Tray finit enfin par tomber sur son téléphone portable. Celui-ci venait juste d’arrêter de vibrer.*
« Evidemment. Bon, qui c’était ? »
*Le sourire de Tray revint éclairer son visage : la personne qui venait de lui laisser un message allait bientôt arriver au manoir, lui donner « Clair-De-Lune », son rat.*
*Pressé de voir cette personne, et de retrouver son animal de compagnie, Van Allighem se dépêcha donc, s’habillant suffisamment vite au risque de tomber en mettant son pantalon.*
*Et puis la porte 155 claqua, la silhouette de Tray traversant le couloir, direction l’entrée du manoir. *

*La veille, Trayvor avait terminé son dernier flacon. Le dernier flacon… Désormais, il devait compter sur l’apaisement que lui apportait Clair-De-Lune, et sur son sang-froid.*
*Il s’était donc couché, après avoir ouvert la cage de son animal, qui s’était alors mit à se balader tranquillement dans la chambre. Dormir la peur au ventre, la peur de revoir « l’autre » reprendre le dessus, fit faire des cauchemars à Tray. Dont un où il voyait son double… Celui-ci lui parlait de plus en plus en fort, hurlant presque vers la fin, le visage sévère.*
« Mais qu’est-ce que tu crois ? Et les humains, y-as-tu pensé ? Et les autres mutants ? Tu n’es pas dans cette école pour te faire des amis ! Tu veux qu’ils sachent tout de toi, pour ensuite mieux nous détruire ? »
*Puis, toujours dans son rêve, Son double s’était rapproché de lui, de plus en plus menaçant*
« Les humains ? Il faut les asservir, c’est tout ce qu’ils méritent ! Ils ne sont plus dignes de notre époque ! Ils sont dépassés ! Et les autres mutants… Et bien, il faut s’en rapprocher, sans se découvrir. Ils pourront être utiles… Que dis-je ? Ils nous seront utiles ! Fais t’en des amis, ne parle pas trop, écoute-les : tu dois tout savoir sur eux ! »
*Et, enfin, juste avant que le rêve ne cesse, Tray avait pût entendre ces derniers mots*
« Hmm… De toute façon, je ne vois pas pourquoi je te raconte tout cela. Je vais… Prendre définitivement ta place, mon ami. »
*Finalement, Tray s’était réveillé, en sueur, les yeux humides, la bouche sèche. Tremblant légèrement, il était parti se rafraîchir dans la salle de bain, réveillant Clair-De-Lune, situé non loin.*
*En relevant la tête du lavabo, Tray sursauta… Cette fois-ci, il ne s’agissait plus d’un rêve. Son reflet s’adressait à lui, souriant.*
« Réveille-toi ! »
*Et c’est ainsi que, les yeux mis-clôt, Van Allighem sortit de la salle de bain. Puis ses paupières se soulevèrent.*
« J’ai un peu faim. »
*Après s’être habillé lentement, le jeune homme prit son rat, le posant sur l’épaule. *
« Cet uniforme. Un moyen de s’intégrer aux autres… N’est-ce pas mon petit rat ? »
*Calme, trop calme, sans doute, il prit la clef de sa chambre, et en sortit, fermant la porte derrière lui.*

*En pleine nuit, Tray se réveilla en sursaut. La lumière de la lune filtrait par l’immense fenêtre de sa chambre. Sa chambre… Il n’avait pas souvenir de s’être déplacé jusqu'à celle-ci, la veille. De plus, il était allongé sur le sol, et on l’avait recouvert de la couverture de son lit. Il se leva, courbaturé.*
« Hmm… Je n’ai plus mal à la tête, et je n’entends plus ces deux voix ; c’est déjà ça. »
*Désormais devant la fenêtre, le jeune homme observait le parc, lieu où il s’était, pour encore il ne savait combien de temps, libéré de sa schizophrénie. Et, pendant qu’il souriait, il se retourna vers son lit.*
« En tous cas, je me demande vraiment qui a bien pût me déposer ici. Comme quoi, nous ne sommes pas tous mauvais. »
*Après avoir appuyé sur l’interrupteur de sa chambre, Tray refit son lit, tout en s’adressant à Clair-De-Lune, qui venait de se réveiller à son tour, et qui était monté sur un des deux bureaux.*
« Mais il ne faut pas être trop naïf, non plus… Enfin, on verra tout cela demain, n’est-ce pas mon rat ? »
*Trayvor prit une douche brûlante, puis se recoucha, se sentant libre comme il ne l’avait pas été depuis longtemps, les rayons de lune éclairant son visage.*

*Tray ouvrit les yeux et bailla. Se levant, il vit que, sur un des bureaux, et en plus de son rat albinos, étaient posés une feuille de papier et deux fruits.*
« Hmm… La même personne ?... »
*Tray prit le papier en main, et lu le message qui y avait été griffonné.*
« Yamina… »
*Le jeune homme s’approcha, une fois encore, de la fenêtre de sa chambre, le regard impassible.*
« Merci. Et la prochaine fois que nous nous verrons, je serais en bien meilleur état que l’autre fois, crois-moi. »
*Trayvor reposa le message sur le bureau, et s’habilla. Prenant la pomme, ainsi que la banane, il ouvrit la porte de la salle de bain et s’observa quelques instants dans le miroir. Son visage se crispa.*
« Il va bien falloir faire avec cet uniforme, de toute façon. »
*Tray se retourna vers l’un des bureaux, alluma son pc portable et vérifia ses messages. Le nom d’un des émetteurs lui parut étrange : De « Un ami »…*
« Un ami, hein ?... Alors, qui cela peut-il être ? »
*Van Allighem ricana face à l’ironie du nom, et décida de remettre à plus tard la lecture du message.*
*Faisant un geste vers son rat, qui descendit aussitôt du bureau et se mit alors à le suivre, Tray prit la clef de sa chambre, et referma celle-ci.*
« Il faudra que je demande au secrétariat un double… Où bien que j’en fasse faire un moi-même. Et il va falloir que je m’organise pour beaucoup de chose, j’ai tant à apprendre... Et à faire.»

*Après avoir passé une partie de la soirée avec Alexine, au self, Tray était revenu se coucher, vraiment fatigué. Désormais réveillé, il observait le parc magnifiquement gelé, par la fenêtre de sa chambre… Il faisait froid, et les branches des arbres dénudés reflétaient étrangement la lumière. Cela lui rappelait les nuits d’hiver qu’il avait passé à observer la neige et le froid blanchir la cour de l’hôpital. Van Allighem avait passé une excellente nuit, malgré quelques rêves étranges, lui revenant en échos, sombres souvenirs d’un autre monde. Etonnamment, il n’avait pas vraiment envie de bouger aujourd’hui. *
« Aller, courage. Ah, mais au fait, je n’ai toujours pas regardé le mail de cet « ami » ! »
*Tray se dirigea donc vers son portable noir et brillant, puis l’alluma. Tout en s’installant sur la chaise grinçante, il commença à se poser divers questions : Qui lui avait donc envoyé un mail avec pour nom « un ami » ? Que lui voulait-on ? De simples questions, certes, mais qui n’allaient sans doute guère trouver de réponse… Le jeune homme, curieux, se jeta littéralement sur sa messagerie, ouvrant donc le mail reçut quelques jours auparavant.*
« Alors, qui es-tu ?... Quoi ? »
*Tray soupira de déception : le message consistait seulement en une phrase succincte, sans davantage de précisions, sauf pour la signature : « Jack » *
*Ceux qui ont voulu changer le monde en sont morts et ceux pour qui rien n'a changé sont morts également.*
« Et je dois donc aider les autres, ou pas ? Pfff… De toute façon, je ne vais pas tenir compte d’une telle connerie. Qui pourrait se permettre de me faire la morale ? Qui me connaît vraiment ? A part moi ? Lucie, Christine… Elles seules… »
*Le jeune homme tourna son regard bleu vers Clair-De-Lune*
« Et toi, bien sûr, mon rat… »
*Trayvor ne chercha même pas à trouver l’origine du mail : cela lui aurait pris trop de temps, pour quelque chose qui ne l’intéressait pas. Aussi, supprima-t-il celui-ci, mettant en « bloquant » tous ceux qui proviendrait de la même adresse.*
« Et un « ami » en moins… »
*Tray souri, et se leva, après avoir éteint son portable. Allait-il enfin aller à l’évaluation, aujourd’hui ? Il hésitait, mais il prit tout de même la clef de sa chambre et en sortit, après avoir fermée celle-ci. *

*Tray entra dans sa chambre, fatigué et pressé de prendre une douche. Cependant, ayant un peu ras-le-bol du silence pesant de sa chambre, il alluma son portable, y brancha deux petites enceintes, et mis en route l’un des albums d’Apocalyptica, groupe de métal symphonique. En entendant l’une de leurs reprises, Tray sourit, tout en entrant dans la salle de bain.*
*Ainsi, du couloir, on pouvait entendre les magnifiques violoncelles du groupe Finlandais, accompagné des notes de guitares électriques, et rythmés par le batteur. Toute la rage et la vivacité du métal, et la grâce des instruments à cordes…*
*Après sa douche Trayvor fonça couper la musique, et commença à relire ses cours, même si cela n’était pas très agréable au départ…*
« Allez, un peu de courage… Raaaah !!! »
*Van Allighem inspira un grand coup et se plongea dans ses cours, qui en plus de ceux, futurs, du manoir, allaient sans doute lui mener la vie dure.*

*Et de nouveaux, ses rêves étranges : une main géante le happant, le tirant vers le noir… Et puis cet homme aux cheveux gris, et aux yeux verts. Des flammes bleues. Et puis, plus rien.*
*Trayvor sursauta, encore sur la chaise de son bureau… Il s’était endormi, après avoir travaillé ses cours.*
« J’avais vraiment besoin de dormir. Et j’en ai encore besoin. Tiens, qu’est-ce que… ? Encore ? »
*Tray venait de regarder son écran, sortit de veille, après que le bras du jeune homme ait heurté la souris du pc. Sur l’écran, on pouvait voir que Tray venait de recevoir un nouveau message, de la part de ce mystérieux « Jack ».*
« Marcus s’avançait parmi les flammes, chasseur…
Ce qu’il ignorait, c’est qu’il était aussi chassé !
Mais ils ne lui auraient guère fait peur.
Ces satanés humains, tueurs nés ?
Coupable d’aptitudes étranges,
Tu t’apercevras toi aussi,
Que lui non plus n’était guère un ange ! »
*Trayvor soupira en lisant le message, le supprima, puis partit se coucher, se demandant tout de même qui pouvait bien être ce « Marcus », et cet ennuyeux Jack. Ce qui l’étonna un peu fût le rapport entre ses cauchemars récents et la première phrase de ce que « Jack » considérait sans doute comme un poème.*
*Mais Van Allighem ferma les yeux, et s’endormit… Sans doute les lendemains lui révèleraient-ils la vérité des quelques lignes qui lui avaient été envoyées.*

*Deux rideaux noirs s’ouvrirent sur le plafond blanchâtre du manoir. Génésis. Renaissance. Mais pour vraiment renaître, Trayvor devait se connaître, et connaître les autres. Leurs peurs, ses peurs. Cependant, pour le moment, il devait se lever. Ce qu’il fit assez aisément, les yeux pourtant encore gonflés de sommeil.
Il ne faisait plus aussi froid qu’il y a quelques temps, et il n’avait guère passé son temps chez ses parents, trop volontaire pour s’adapter au manoir et à son nouveau contexte. Du moins, nouveau pour notre cher Trayvor Van Allighem.
Soudain, une main agrippa quelques vêtements, puis, laissant les portes coulissantes de l’armoire ouvertes, une silhouette se dirigea lentement vers la salle de bain. Quelques minutes s’écoulèrent… Temps égrené par les gouttes d’eau percutant le fond du bac à douche. Les pensées de Tray étaient tournés vers son futur, ce qu’il allait bien pouvoir faire et devenir, ici, en ce lieu où beaucoup semblaient plus sûr d’eux que lui. Mais chacun ses peurs et ses problèmes, et le jeune homme devait affronter les siennes.
Une ombre passa au-dessus de la clef de la chambre 155, disparaissant au fond de la poche du jeune homme, venant de se rhabiller. La porte était fermée et, désormais, Tray avait devant lui son futur, ce lieu, ce manoir… Ce couloir.
Mais il avait besoin d’air. De respirer. De penser un peu à autre chose. Et, descendant les escaliers, il se dirigea vers le parc, qu’il appréciait tant. Cependant, dans ses songes, Tray ne s’aperçu pas qu’il avait légèrement percuté une jeune femme. Où plutôt, il décida de ne pas y faire attention, trop recroquevillé sur lui-même.
Ainsi, les bruits de pas de Tray se perdirent dans ceux du couloir : les voix, les quelques rires, les chuchotements… Tandis que l’air du parc allait sans doute bientôt lui caresser le visage.*

*Une silhouette se leva du lit de Trayvor… Rêvait-il ? Le mal de crâne de Van Allighem était là, de nouveau. Mais l’ombre avança, sûre d’elle, ouvrant de sa main assurée l’armoire de la chambre du jeune homme.*
« Et de l’obscurité, jailliront des flammes ardentes, de noirs desseins… Pleurées, âmes solitaires, car les rayons argentés pénètreront vos chairs. Ne t’en fais pas Tray, je te rendrais ta place, bien avant que tu ne te sois rendu compte de ton absence… Et toi qui pensait mièvrement m’avoir brisé : tu n’as fait qu’augmenter ma faim.»
*Le corps du jeune homme, désormais habillé de la tenue de l’école, avança vers la porte de la chambre 155, tandis que, dans sa main droite, brillait un étrange objet… Puis, la porte se referma derrière cet être à l’aspect serein. *

*Après avoir déposé les quatre livres sur le bureau de sa chambre, Trayvor, étrangement fatigué alors qu’il s’était réveillé il n’y a pas longtemps dans la bibliothèque, partit s’allonger sur son lit. Et, de nouveau, ses rêves de flammes, et cet homme aux cheveux blancs pointant son index accusateur vers lui. Était-ce donc ce "Jack", qui lui avait envoyé ces étranges mails, ou du moins la représentation que Tray s'en faisait ?
Cependant, au bout de quelques minutes, les yeux de Van Allighem se rouvrirent. Un autre univers, une autre vision… « Il » était revenu. Et, sortant de la chambre, il sourit légèrement : la chasse commençait vraiment. Enfin.*